(Montréal, le 17 janvier 2023) Au 1005 rue Rielle, à Verdun, se trouve un immeuble de 36 logements composé de locataires majoritairement âgés qui font l’objet d’une rénoviction violente. Au Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV) nous savons que sur les 20 locataires restants, au moins 11 ont reçu des avis d’éviction pour l’agrandissement substantiel de leurs logements. Le projet de cet immeuble, présentement en vente, est décrit comme suit : PROJET D’OPTIMISATION ET DE RÉNOVATION AVEC BEAUCOUP DE POTENTIEL – Incroyable opportunité d’optimisation au cœur de Verdun- L’immeuble compte actuellement 15 appartements vacants- Les loyers restants sont extrêmement bas dans le secteur- Les valeurs locatives actuelles du marché à Verdun justifient amplement les investissements de rénovation.

« Tout ce qui compte pour mes propriétaires, c’est l’argent. Tout ce qui leur importe, c’est le profit. C’est dégoûtant que ce soit nous, les locataires, qui devons nous battre pour rester dans nos maisons. Le logement est un droit. Où sommes-nous censés aller, et que nous arrivera-t-il si le gouvernement laisse cela se produire ? » témoigne Roger Grenier, locataire qui a reçu un avis d’éviction le 16 décembre dernier. Son propriétaire, Randall Ettinger (président de 1005 Rielle Inc.) a obtenu un permis municipal pour faire une « Reconfiguration intérieure » de 32 des 36 unités de l’immeuble. Il a alors envoyé des avis d’éviction prétendant que les travaux entraîneront un « agrandissement substantiel », bien que l’immeuble soit actuellement en vente. Néanmoins, ni le CACV ni les locataires n’ont reçu le contenu complet du permis. « Ces permis n’auraient jamais dû être émis. C’est une éviction massive de personnes vulnérables », renchérit Lyn O’Donnell, organisatrice communautaire au CACV. « Ce même spéculateur a expulsé tout un immeuble sur la même rue, au 315 rue Rielle, en 2018, où vivaient des familles et des personnes âgées. Ils détruisent des vies et le gouvernement ne fait absolument rien. Nous avons besoin d’un moratoire indéfini sur les évictions maintenant. ». Le CACV est un membre actif du Regroupement des Comités Logement et des Associations de Locataires du Québec (RCLALQ) qui demande à la province d’instaurer un moratoire sur les évictions et les reprises.

« Ce type d’éviction est particulièrement problématique, car contrairement aux avis de reprise, le locataire doit être proactif pour refuser l’éviction, puisqu’il doit ouvrir un opposition auprès du Tribunal Administratif du Logement (TAL) dans les 30 jours suivant la réception de l’avis, sinon l’éviction est définitive » déclare Lyn O’Donnell. « À cela, s’ajoute qu’il est de plus en plus difficile pour les locataires de joindre le TAL afin d’exercer leur droit de refus, et évidemment les propriétaires en profitent. »

La CACV reçoit un nombre écrasant d’appels de locataires du quartier, déclarant avoir reçu un avis d’éviction pour agrandissement substantiel, et constate une tendance commune : le manque d’accès des locataires au tribunal en cas d’urgence.

« Depuis décembre, nous avons reçu des dizaines d’appels de locataires paniqués qui ont reçu cet avis d’éviction et qui ne peuvent pas prendre rendez-vous avec un agent du TAL par téléphone ou via le portail en ligne », raconte Michel, intervenant au CACV. « Nous essayons d’aider chaque locataire à naviguer les procédures du Tribunal, mais avec le grand nombre d’évictions qui se produisent à Verdun en ce moment, les gens passent entre les mailles du système à un rythme alarmant ». Si les locataires ne sont pas en mesure d’exercer leurs droits compte tenu des délais stricts et du manque de service du Tribunal lui-même, le CACV se demande si le Tribunal remplit son mandat, et si de tels facteurs structurels ne constituent pas une violation des droits des locataires.

En écho au récent communiqué du RCLALQ, les employé.e.s du CACV sont fermes dans leur position. Le mandat du CACV comprend l’information et l’éducation populaire des locataires et des gens de la classe ouvrière, afin de les autonomiser. Le secteur communautaire n’est pas un moyen moins coûteux de fournir des services publics, qui sont censés être ceux du mandat du TAL. Le tribunal doit s’assurer de remplir son mandat et d’offrir aux citoyen.ne.s une information adéquate et des recours efficaces selon des délais raisonnables.

Nous appelons tous les paliers du gouvernement d’agir immédiatement. Au-delà de s’assurer que le TAL remplit son mandat, il est nécessaire de mettre en place un moratoire sur les évictions, notamment en empêchant les propriétaires d’utiliser des rénovations non urgentes comme prétexte pour expulser et faire du profit durant une crise.